
Imam al-Hassan ibnou ‘Ali (as)
Imam al-Hassan (as) est né le 15 du mois de Ramadan en l’an 3 après l’hégire et il décéda au mois de Safar en l’an 50 après l’hégire. C’est un homme dont la vie nous livre d’extraordinaires leçons et beaucoup d’exemples de conduites peuvent en être tirés et un homme dont la vie doit être examinée en profondeur car sa vie touche chacun de nous aujourd’hui. Malheureusement, toutefois, il continue à être un homme décrit de manière extrêmement négative, aussi bien chez les Musulmans que chez les non Musulmans. Il est probablement le plus incompris des Imams d’Ala Muhammad, du fait que jusqu’à ce jour, on ne lui accorde pas le crédit qu’il mérite quant à la somme de sacrifices et d’actes de bravoure et de sagesse qu’il a accomplies de son vivant.
De fausses idées à propos d’Imam al-Hassan (as)
Aujourd’hui encore, beaucoup remettent en question le courage d’Imam alHassan (as); beaucoup remettent en question la sagesse de ses décisions; beaucoup remettent en question son mode de vie et vous verrez que dans le monde académique comme dans le monde musulman, beaucoup le décrivent sous un jour négatif. Par exemple, Wilfra Shora dans son ouvrage sur les Aga Khans, parle d’Imam Hassan (as) comme d’un homme ayant passé toute sa vie à se marier et à divorcer. On le surnommait « le divorcé habituel ». De même, Mir Ali, dans son livre, The Spirit of Islam, parle d’Imam al-Hassan (as) comme d’un homme qui était friand d’une vie paisible et facile. Il n’était pas intéressé par l’Islam; tout ce qui l’intéressait, c’était d’épouser des femmes et de divorcer d’elles.
Ce portrait négatif d’Imam al-Hassan (as) existe jusqu’à nos jours. Une autre des descriptions négatives à son propos est qu’ils ont mis Imam al-Hassan (as) au même niveau que ces personnalités qui n’ont pas façonné la religion de l’Islam mais qui ont plutôt cherché à la détruire. Un documentaire a été diffusé dans lequel on parlait d’Imam al-Hassan (as) et de Mu’awiya comme de grands restaurateurs de la religion islamique qui ont amené l’unité dans la religion. Il est triste qu’Imam al-Hassan (as) soit comparé à des personnalités dont le seul objectif était d’instaurer un pouvoir et un royaume et non un califat dans l’Islam.
Ainsi, on l’accuse de nos jours encore d’avoir vendu le califat pour sept millions de dirhams. Un livre mentionne cela, qu’il avait donné deux millions à Imam Hussein (as), qu’il en avait gardé cinq pour lui-même et qu’il avait laissé Mu’awiya diriger le pays. Toutes ces accusations ne sont pas surprenantes car le grand-père d’Imam alHassan (as) est accusé de faits similaires aujourd’hui encore. De nos jours encore, le Prophète (saw) est accusé d’être « un homme qui aimait les femmes » et un homme qui a signé plus de traités qu’il n’a fait preuve de courage. C’est pourquoi lorsqu’on analyse la biographie d’Imam al-Hassan (as), on trouve beaucoup de similitudes à celle de son grand-père, le Saint Prophète (saw).
Examinons sa vie et voyons quels sont les mythes inventés à propos d’Imam alHassan (as) et comment nous pouvons rejeter ces mythes car, malheureusement dans nos communautés, beaucoup en savent plus sur Imam Hussein (as) que sur Imam alHassan (as). Cela est très malheureux car Imam Hussein (as) lui-même admirait Imam al-Hassan (as). De plus, certains pensent en fait qu’Imam Hussein (as) était plus courageux qu’Imam al-Hassan (as). Ce qu’ils ne réalisent pas, c’est que si on inversait leur position, ils agiraient tous deux exactement de la même manière.
Sa naissance
Imam al-Hassan (as) est né le 15 du mois de Ramadan en l’an 3 après l’hégire. Ses parents s’étaient mariés l’année précédente. Il était donc le premier fils de la maison de la famille du Prophète (saw). En tant que premier enfant de la famille, il apporta la joie dans la maison du Prophète (saw) et notamment au Prophète(saw). A la naissance d’Imam Hussein (as), le Prophète (saw) était plus triste. Les ahadith disent que lorsqu’Imam Hussein (as) vit le jour, le Prophète (saw) se rendait chez sa fille d’un pas lourd mais à la naissance d’Imam al-Hassan (as), il était très joyeux.
Lorsqu’il arriva chez sa fille et qu’il porta l’enfant, le courant passait aussitôt entre eux. On raconte qu’on demanda à Imam Ali b. Abi Talib (as) comment il allait l’appeler. L’Imam donna une réponse fort intéressante: « Le Prophète a le nom de mon fils. » Puis, lorsqu’on demanda au Prophète (saw) comment il allait appeler son petit-fils, il répondit: « Allah (swt) a le nom de mon petit-fils. »
Il s’agit d’un point à noter car lorsqu’Allah (swt) nomme un enfant, cela indique que cette personne sera guidée par Allah (swt). Par exemple, si je crois aux califes bienguidés, je sais aussi que plusieurs de ces califes bien-guidés ont été nommés par leur père mushrik, n’est-ce pas? Et pourtant nous les appelons les « bien-guidés ». Toutefois, peut-on conclure que quelqu’un qui a été nommé par son père mushrik est bien-guidé mais celui qui a été nommé par Allah (swt), nous ne sommes pas sûrs s’il est bien-guidé ou pas?
Aujourd’hui, dans le monde, lorsqu’on demande aux gens: « Combien de califes bien-guidés y a t-il? », ils diront quatre noms. Puis, lorsque vous leur demandez: « Et qu’en est-il d’Imam al-Hassan (as)? », ils diront: « Nous ne sommes pas sûrs à propos d’Imam alHassan (as). Lui et Mu’awiya sont au même niveau mais nous ne sommes pas sûrs sur lequel des deux était bien-guidé. » Notre réponse à ces gens est la suivante: lorsque le Prophète (saw) a dit: « J’attends l’ordre de Jibra’il avant de le nommer », n’est-ce pas une indication qu’Imam al-Hassan (as) est guidé par Allah (swt)? Puis, le Prophète leur dit: « Jibra’il vient d’arriver et a dit de l’appeler Hassan. »
Le prénom de Hassan n’a jamais été donné à qui que ce soit avant. Il y avait une montagne en Arabie appelée « Montagne Hassan ». Mais aucun être humain ne portait le nom de Hassan. Ainsi, la première personne à être appelée ainsi est Imam al-Hassan (as).
Plus tard, dans l’histoire islamique, il y avait des tyrans qui se vantaient de sacrifier quiconque portait ce nom. Une personne raconte: « Je suis allé à Damas voir un de mes cousins. J’ai remarqué qu’à Damas, personne ne se prénommait ‘Hassan’ ou ‘Hussein’. J’étais déçu. J’entrai chez un ami et je l’entendis appeler ses deux fils: ‘Hassan et Hussein, venez ici!’ Je lui dis: ‘Mashallah, tu as appelé tes fils Hassan et Hussein comme les petits-fils du Prophète!’ Il me dit: ‘Comment ça mashallah?’ Je lui dis: ‘C’est un honneur que d’avoir appelé tes fils ainsi!’ Il dit: ‘Non, je les ai appelés ainsi car quand je suis en colère, cela me permet de maudire Hassan et Hussein!' » La haine vis à vis des Ahlulbayt avait atteint un tel niveau que les gens avaient honte de garder ces noms pour leurs fils.
La relation d’Imam al-Hassan (as) avec le Prophète (saw)
Il n’y avait pas de relation plus belle que celle d’Imam al-Hassan (as) et d’Imam Hussein (as) avec le Prophète (saw), au point que le Prophète (saw) les utilisait comme intermédiaires pour octroyer aux enfants leurs droits dans la religion. Les Arabes étaient gênés de montrer leur affection vis à vis de leurs enfants. Selon eux, un homme n’était pas très viril s’il montrait de l’affection à son enfant en le serrant dans ses bras ou en l’embrassant par exemple. Ils étaient fiers de leurs enfants mais les embrasser ou montrer de l’affection à leur égard n’était pas quelque chose qu’on entendait en Arabie. Le Prophète (saw) exhibait son amour pour Imam al-Hassan (as), pas seulement par amour pour lui mais aussi pour que les autres voient et se servent d’exemple.
Par exemple, à chaque fois qu’il passait devant la maison de sa fille, il s’arrêtait dehors et clamait: « Oh famille du Prophète! Où est la fleur de mon coeur, al-Hassan? » A ces mots, Imam al-Hassan (as) se précipitait hors de la maison et le Prophète le serrait dans ses bras devant ses compagnons et disait: « Je l’aime et Allah aime celui qui l’aime. »
D’autres fois, le Prophète (saw) se promenait en portant Imam al-Hassan (as) sur les épaules ou sur le dos. Les compagnons voyaient le Prophète (saw) agir ainsi et ils disaient à Imam al-Hassan (as): « Oh fils! Que tu es béni de pouvoir monter un tel destrier! » Le Prophète (saw) répondait alors: « Non, que je suis béni de porter un tel cavalier! » Tous ces actes et propos montrent l’importance d’Imam al-Hassan (as).
Une fois, le Prophète (saw) était en position de sujood lorsqu’Imam al-Hassan (as) vint et monta sur son dos. Le Prophète (saw) prolongea son sujood aussi longtemps qu’Imam al-Hassan (as) était sur son dos.
Le Prophète (saw) se reférait à Imam al-Hassan (as) en disant: « C’est le maître des jeunes du Paradis; c’est la fleur de ma vie. »
Un jour, un Arabe du nom d’Agra (voulant dire « celui à la tête grasse ») dit au Prophète (saw): « Oh Prophète! Je vous ai vu embrasser al-Hassan (as) aujourd’hui. – Oui, dit le Prophète (saw). – J’ai dix fils, dit Agra, et je n’ai jamais embrassé aucun d’entre eux. – Pourquoi? demanda le Prophète (saw). – Oh Prophète! Ce sont mes fils! Pourquoi les embrasserais-je? Je veux qu’ils soient des hommes. – Quiconque n’est pas clément avec ses enfants, Allah (swt) ne sera pas clément avec lui. »
Le Prophète (saw) était donc une des premières influences sur la vie d’Imam alHassan (as).
La relation d’Imam al-Hassan (as) avec sa mère
La deuxième influence dans la vie d’Imam al-Hassan (as) était la spiritualité de sa mère, Fatima (as). La source de chacune des leçons qu’Imam al-Hassan (as) apprit dans sa vie était sa mère. C’est pourquoi Imam Hassan al-Askari (as) dit cette phrase phénoménale: « Nous, les Imams, sommes une Hujjah (preuve) sur les gens et Fatima est une Hujjah sur nous. »
Imam al-Hassan (as) nous a montré qu’une mère spirituelle peut bâtir un foyer. Napoléon disait: « Donnez-moi de bonnes mères et je vous donnerai une nation solide! » A diverses occasions, Imam al-Hassan (as) mentionnait les leçons qu’il avait apprises de sa mère.
Aucun Imam n’avait la spiritualité dont Imam al-Hassan (as) faisait preuve durant le hajj. Imam al-Hassan (as) s’est rendu au hajj vingt-cinq fois à pieds. Il a appris cet attachement à l’adoration de sa mère. Imam al-Hassan (as) raconte: « Au milieu de la nuit, quand j’étais enfant, je me réveillais et voyais ma mère réciter Salat ul-Layl; j’allais m’asseoir près d’elle lorsqu’elle implorait et j’écoutais son invocation. Je l’entendais dire: ‘Ya Allah! Pardonne les membres de la communauté puis pardonne-nous. Ya Allah! Bénis les membres de la communauté puis bénis-nous. Ya Allah! Sois généreux envers les membres de la communauté puis sois généreux envers nous.’ Je demandais à ma mère: ‘Ma mère! Au milieu de la nuit, je vous vois prier pour tout monde et non pour notre maison?’ Et elle répondait: ‘Oh mon fils Hassan! Les voisins d’abord puis la maison.' »
Une des conditions pour qu’un dua soit accepté est de commencer par prier pour nos amis avant de prier pour nous-mêmes. Un jour, une personne vint voir le Prophète (saw) et dit: « Oh Prophète! Mon dua n’est pas exaucé. » – Pries-tu pour les autres avant de prier pour toi? demanda le Prophète (saw). – Non. – Prie pour les autres avant de prier pour toi. » Cette personne se mit à prier devant le Prophète (saw) et dit: « Ya Allah! Bénis-moi, bénis Muhammad et ne bénis personne d’autre. – Non, non! Prie pour tous les autres, puis pour toi. » On doit se débarrasser de son égoïsme.
Imam al-Hassan (as) raconte: « Au milieu de la nuit, lorsque tout le monde dormait, je voyais ma mère Fatima implorer Dieu pour les autres. Puis, la journée, je voyais ma mère répondre aux questions des femmes d’Arabie sur la religion. »
C’était une mère qui était spirituelle et qui agissait au service d’Allah. De nos jours, la plupart des mères manquent de spiritualité alors qu’elles se soucient plus de l’image, de l’école, du diplôme de l’enfant afin d’améliorer leur propre image dans la communauté. Une mère se doit d’être un modèle de spiritualité pour sa fille et son fils.
Imam al-Hassan (as) disait: « Ma mère cuisinait, nettoyait la maison et éduquait chacun d’entre nous. » Il raconte un incident parmi tant d’autres incidents à la maison. Imam al-Hassan (as) était très jeune lorsqu’il observait sa mère. Il n’avait que huit ans lorsque sa mère décéda. On peut imaginer combien il était jeune lorsqu’il observait toutes ces choses. Un jour, une femme vint voir Fatima (as) et lui dit: « Oh Bibi Fatima! Ma mère est malade. Je viens vous poser des questions de sa part; j’aimerais que vous y répondiez. – Quelles sont vos questions? demanda Fatima (as). – Il s’agit de questions à propos de la prière. – Allez-y. Posez vos questions. » La femme posa beaucoup, beaucoup de questions à Bibi Fatima (as) et finit par dire: « Oh Dame de lumière! Je vous ai sans doute bien dérangé avec mes questions. Pardonnez-moi. Il est peut-être mieux que je ne vous en pose pas plus. – Si on demande à une personne de porter quelque chose du rez-de-chaussée au toit d’un bâtiment pour un millier de dinars, est-ce qu’elle dirait qu’elle est fatiguée? – Non, dit la femme. – Lorsque je réponds à vos questions, Allah a promis une récompense de perles allant de la terre au ciel. Pourquoi serais-je fatiguée quand il s’agit de servir Allah (swt)? »
C’est ainsi qu’Imam al-Hassan (as) était témoin des actes de bonté et de générosité de sa mère.
La relation d’Imam al-Hassan (as) avec son père
Imam Ali (as) a eu un impact important dans la vie d’Imam al-Hassan (as). Imam al-Hassan (as) observait les sacrifices que ses parents faisaient en tant que couple. Un enfant observe toujours et s’imprègne de la relation que ses parents entretiennent. S’agit-il d’une relation saine? Utilisent-ils un ton doux dans leurs conversations? Y a t-il des disputes et des cris constamment à la maison? Beaucoup d’enfants sont psychologiquement perturbés de voir leurs parents se battre tout le temps.
Imam al-Hassan (as) disait: « Je voyais ma mère et mon père unis et en harmonie l’un avec l’autre. » Ils formaient la plus belle union d’individus en mariage.
Imam al-Hassan (as) raconte: « Une nuit, alors que Hussein et moi-même étions malades, mes parents étaient inquiets et demanèrent au Prophète: ‘Oh Prophète! Que devons-nous faire? Hassan et Hussein sont malades. – Faites le voeu de jeûner trois jours s’ils vont mieux. » La première nuit, alors que nous étions sur le point de rompre le jeûne, quelqu’un frappa à la porte. J’entendis ma mère et mon père dire: ‘Qui que ce soit et quoi qu’il veuille, nous le lui donnerons.’ Je vis mon père aller ouvrir la porte. La personne à l’extérieur dit: ‘Oh famille du Prophète! Je suis orphelin.’ La nuit suivante, il en fut de même et un homme dit: »Je suis un voyageur. » Et la troisième nuit, un homme dit: « Je suis un prisonnier. » Les trois nuits, je vis mes parents donner leur part de nourriture et aller se coucher le ventre vide. »
Il n’est pas possible de compter le nombre de sacrifices que cette famille a fait, que ce soit en termes de nourriture, d’argent ou de leur propre vie. Ce fut alors que le verset de la Surah al-Dahr fut révélé où Allah parle d’un groupe de gens qui donne par amour pour Allah sans rien attendre en retour des gens. Imam al-Hassan (as) voyait donc que les sacrifices que ses parents faisaient venaient du coeur.
Le premier grand événement pour Imam al-Hassan (as) se présenta lorsque le Prophète (saw) l’emmena avec lui à l’occasion du Mubahila, lorsqu’il alla à l’encontre des Chrétiens de Najran. Imam al-Hassan (as) avait six ans et Imam Hussein (as) en avait cinq. Ces Chrétiens étaient étonnés. Ils n’arrivaient pas à croire que le Prophète (saw) avait amené des enfants de cinq et de six ans à un événement où Allah allait envoyer sa malédiction sur les mécréants. Cet événement se produisit un an et demi avant le décès du Prophète (saw) et exactement un an avant le jour de Ghadir. Lorsque Mubahila eut lieu, beaucoup de compagnons du Prophète pensaient qu’il allait les emmener avec lui. Mais lorsque le Prophète (saw) emmena sa famille, il dit: « Quand il s’agira de se sacrifier pour la religion en un jour comme Mubahila ou n’importe quel autre jour après Mubahila, ce sont les cinq dont vous devrez vous inspirer. » Le Prophète (saw) avait pris Imam al-Hassan (as) et Imam Hussein (as) avec lui comme ses fils lorsque le Coran dit: « Emmène tes fils… »
Ainsi, Imam al-Hassan (as) a bénéficié d’années glorieuses les huit premières années de sa vie. Puis, tout à coup, il commença à être touché par les épreuves de la vie. Son grand-père, le Prophète (saw) décéda. On raconte que lorsque le Prophète (saw) était à l’article de la mort et qu’Imam Ali b. Abi Talib (as) vint retirer Imam al-Hassan (as) du Prophète (saw), le Prophète (saw) dit: « Non, non! Laissez-moi m’imprégner plus de son odeur et lui plus du mien. » Puis, quelques mois après seulement, Imam al-Hassan (as) vit sa mère Fatima (as) battue par les compagnons et finalement mourir devant lui. Ces images l’accompagnèrent pendant des années. Il n’avait que huit ans à l’époque. Tous les livres de hadith racontent que lorsque les compagnons vinrent cogner à sa porte, Fatima (as) dit: « C’est la maison de la fille du Prophète! » On lui répondit: « Et alors? Nous viendrons mettre le feu à la maison. » Les livres de hadith mentionnent clairement contre qui Fatima (as) était en colère lorsqu’elle décéda. Après le décès de Fatima (as), beaucoup de responsabilités incombèrent à Imam al-Hassan (as) pour être un modèle et un père pour son plus jeune frère Hussein et ses deux plus jeunes soeurs, Zaynab et Kulthum.
Un des plus grand mythes à l’égard d’Imam al-Hassan (as) vient des gens qui disent: » Imam al-Hassan (as) n’était pas aussi fort qu’Imam Hussein (as); il n’avait pas autant de courage qu’Imam Hussein (as). Imam al-Hassan (as) était friand d’une vie facile; il aimait rester à l’écart des champs de bataille. »
Au contraire, aux batailles de Jamal et de Siffin, nul n’était plus important qu’Imam al-Hassan (as) sur le champ de bataille. Avant la bataille de Jamal, Imam alHassan (as) délivra un discours puissant aux Musulmans qui les motivèrent à venir se battre aux côtés d’Imam Ali b. Abi Talib (as).
Lorsqu’Abu Musa al-Ashari était à Kufa, il disait aux gens de ne pas se battre aux côtés d’Imam Ali b. Abi Talib (as) et il les enjoignait à rester à Kufa. Imam Ali b. Abi Talib (as) dit à Imam al-Hassan (as): « Hassan, va avec Ammar b. Yassir et dis-leur qui je suis. »
Imam al-Hassan (as) délivra un discours puissant où il dit aux gens de Kufa: « Avez-vous oublié le jour de Ghadir lorsque mon père a été choisi? Avez-vous oublié ce que mon père a donné à l’Islam lorsqu’il était jeune à Badr, Uhud , Khandaq, Khaybar et Hunayn? Et à présent, ces gens viennent se battre contre mon père et vous restez assis, ici? »
Il rassembla les troupes le jour de Jamal aussi. Le jour de Jamal, Imam al-Hassan (as), Malik al-Ashtar, Muhammad b. Abi Bakr, Muhammad b. Hanafiyya et bien d’autres étaient à en première ligne de combat sur le champ de bataille. Imam Ali b. Abi Talib (as) dit à son fils Muhammad b. Hanafiyya, dont la mère était Khawla bint Ja’far: « Oh Muhammad! Vois-tu ces soldats? Même si leurs flèches se dirigent vers vous, restez aussi fermes que les montagnes. »
Muhammad b. Hanafiyya était un vaillant guerrier; il partit au combat et revint peu de temps après vers Imam Ali b. Abi Talib (as) et dit: « Mon père, je ne peux pas continuer. – Pourquoi? dit l’Imam. – Car les épées sont tranchants et elles s’abattent sur nous. » Imam le regarda et dit: « C’est la différence entre tous les fils et les fils de Fatima Zahra. – Pourquoi? – Regarde Hassan. Si je le laisse sur le champ de bataille, il va anéantir l’armée. » Lorsqu’Imam Ali b. Abi Talib (as) dit une telle chose à propos de quelqu’un, vous pouvez être sûr qu’Imam Ali b. Abi Talib (as) connaît ce soldat. Mais durant la bataille, Imam Ali b. Abi Talib (as) continuait de rappeler Imam al-Hassan (as) et lorsqu’Imam al-Hassan (as) demandait: « Qu’y a t-il, mon père? », Imam Ali b. Abi Talib (as) répondait: « Hassan, reste en arrière. Tu es l’Imam après moi. » Imam savait que son fils était toujours au milieu de la bataille et qu’il était si brave que personne ne voulait l’approcher.
De même à la bataille de Siffin, Imam al-Hassan (as) fit un tel effet dans la bataille qu’Ubaydullah b. Umar b. Khattab essaya de le soudoyer. Les ennemis disaient: « Si tu peux détruire Ali, Hassan et Malik al-Ashtar, tu peux gagner. » Ubaydullah vint voir Imam al-Hassan (as) de la part de Mu’awiya et dit: « Hassan, écoute. Les Arabes détestent ton père parce qu’il a tué beaucoup de leurs pères quand il était jeune. Prends cette enveloppe et rejoins-nous. Nous veillerons à toi comme nul autre. – Un homme comme moi rejoindre un homme comme toi? dit Imam al-Hassan (as). Un homme comme moi quitterait un père comme mon père? Tu vas bientôt mourir. » Et Ubaydullah périt peu de temps après.
A Siffin, lorsqu’Imam Ali b. Abi Talib (as) se confronta à Sulayma al-Khuza’i, Imam lui dit: « Sulayman, j’espérais que tu serais fidèle à nous. – Imam, pardonnez-moi, dit Sulayman, mais je suis dans le camp adverse maintenant. – Mais je pensais que tu serais du mien. » Sulayman alla voir Imam al-Hassan (as) à Siffin et lui dit: « Hassan, regarde comment ton père me parle. Pourquoi est-il si en colère contre moi?
– Lorsque mon père aime quelqu’un, il est déçu quand il voit qu’il n’est pas fidèle. Calmez-vous et ne soyez pas en colère. » Imam al-Hassan (as) avait cette influence de calmer les esprits à la bataille de Siffin et les gens s’en inspiraient lorsque les temps devenaient durs. Sur le champ de bataille, lorsqu’ils voyaient Imam al-Hassan (as) quelque part, ils allaient vers lui et restaient à ses côtés pour se soulager. Lorsque la bataille de Siffin s’acheva, Imam al-Hassan (as) était très déçu. Il observa les gens à Siffin; d’un côté, il vit une personnalité comme son père et de l’autre, Mu’awiya; les gens avaient laissé un homme qui avait tout sacrifié pour la religion pour joindre un homme dont le père voulait détruire la religion.
Au moment d’arbitrer à Siffin, Imam al-Hassan (as) regarda Mussa al-Ashari puis les gens et dit: « Vous choisissez Mussa al-Ashari? Si Umar b. Khattab pensait qu’Abu Mussa était bien, il l’aurait inclus dans la Shura, et Abu Mussa veut choisir Abdullah b. Umar? Si Abdullah b. Umar était bien, son père l’aurait élu. Quant à vous, les Khawarij, vous dites qu’il ne devrait pas y avoir d’arbitrage. La bravoure ne se mesure pas qu’à l’épée; parfois, vous devez être brave par la parole aussi. Le Prophète (saw) n’a t-il pas choisi Sad b. Maz pour arbitrer avec les Banu Quraiza? Alors, pourquoi parlez-vous de ne pas arbitrer? » Mais, malheureusement, les Khawarij quittèrent le camp d’Imam Ali b. Abi Talib (as) et la quarantième année après l’hégire, Imam al-Hassan (as) vit son père abattu par un membre des Khawarij, Abdur Rahman b. Muljim.
Imam al-Hassan (as) fut très affecté par le décès de son père pour diverses raisons: La première raison était la valeur sentimentale qu’un fils accorde naturellement à son père et peut-on seulement imaginer ce que c’était que d’avoir un père comme Ali b. Abi Talib (as)? Personne ne peut atteindre Ali b. Abi Talib (as) en termes de chaleur, de générosité et de justice, personne ne peut se comparer à lui. De même, on doit se rappeler que Fatima (as) décéda alors que ses enfants étaient très jeunes. C’était donc Imam Ali b. Abi Talib (as) qui avait élevé Imam al-Hassan (as), Imam Hussein (as), Bibi Zaynab (as) et Bibi Umm Kulthum.
La deuxième raison était qu’il avait vu son père dire: « Si Abdur Rahman b. Muljim a soif, assurez-vous qu’on lui donne à boire et s’il a faim, donnez-lui à manger; et si son seul coup finit par me tuer, vous aussi ne lui assénerez qu’un coup. Ne mutilez pas son corps car le Prophète (saw) a dit: ‘Ne mutilez même pas le corps d’un chien enragé.' » Combien il a du être difficile pour Imam al-Hassan (as) de vivre après le départ d’un tel père.
Imam al-Hassan (as) dit: « Lorsque je suis allé enterrer mon père, je vis un homme pleurer sur le chemin du retour. Je le vis et lui demandai: ‘Cher homme! Qu’est-ce qui ne va pas? – Toutes les nuits de ce mois sacré, un homme venait m’apporter à manger; mais ça fait maintenant trois nuits qu’il n’est pas venu. Je ne sais pas qui était cet homme. Je pleure parce que je m’étais habitué à le voir m’apporter à manger.’ Je me mis à pleurer en lui disant: ‘Il s’agissait de mon père, Ali b. Abi Talib.’ Il regarda vers moi et dit: ‘Où était-il ces trois nuits? – Ibn Muljim l’a abattu et je viens juste de l’enterrer.' »
Imam al-Hassan (as) et le traité avec Mu’awiya
Suite au martyr d’Imam Ali b. Abi Talib (as), Imam al-Hassan (as) prit la responsabilité de l’Imamat à l’âge de trente-sept ans. Lorsqu’il se tint debout à Kufa, il dit aux gens: « Vous les gens! Hier, la meilleure des créatures d’Allah après le Prophète est décédée. Un homme de piété, un homme de justice et d’honneur! Je prends à présent la succession de mon père. »
Il est très surprenant d’entendre l’Ummah musulmane dire qu’il n’y a que quatre califes bien-guidés. Sous-entendent-ils qu’Imam al-Hassan (as) n’était pas bien-guidé? Lorsqu’Imam al-Hassan (as) prit les rênes du pouvoir, Mu’awiya qui avait déjà combattu Imam Ali (as) contrôlait quatre pays: La Palestine, le Liban, la Jordanie et la Syrie. A cette époque, « Sham » ne désignait pas la Syrie moderne. « Sham » désignait quatre pays à cette époque.
Après le décès d’Imam Ali b. Abi Talib (as), Mu’awiya commença à s’en prendre à Imam al-Hassan (as). Mu’awiya envoyait espion sur espion pour l’informer: « Trouvez-le! Que dit-il? Que fait-il? » Lorsqu’Imam al-Hassan (as) démasquait ces espions, il leur disait: « Qu’est-ce qu’il veut? La guerre? Alors, faisons la guerre. Sait-il qui est mon père? »
Mais il y avait un problème. Son père venait de mener trois guerres à la suite et ses soldats ne voulaient plus se battre. C’est le problème qu’il affronta et c’est le problème que beaucoup ne comprennent pas. Jamal, Siffin et Nahrawan sont trois guerres qui eurent lieu en quatre ans. Imam al-Hassan (as) voulait en finir avec Mu’awiya mais lorsqu’il alla à la mosquée de Kufa et qu’il dit: « Oh soldats! Préparezvous! Allons nous battre à Mu’awiya », beaucoup se retournèrent et dirent: « Nous sommes fatigués de nous battre! » Il dit: « Mais l’injustice et l’oppression règnent. Comment ça vous êtes fatigués? Nous devons nous battre. » Adi al-Hatim, le fils de Hatim al-Ta’i, se leva et dit à son tour: « Qu’avez-vous tous? N’est-ce pas le petit-fils du Prophète qui nous appelle à nous battre? »
Malgré tout, Imam al-Hassan (as) mobilisa 20 000 soldats alors que Mu’awiya disposait de 76 000 soldats. Mais, Imam al-Hassan (as) n’abandonna pas pour autant. L’autre problème auquel se confrontait Imam al-Hassan (as) est que les soldats qui ne voulaient pas se battre étaient soudoyés par Mu’awiya. Pour un million de dinars, ils étaient prêts à changer de camp et renoncer à leur fidélité. C’est ainsi qu’on peut estimer les soixante-douze inébranlables dont Imam Hussein (as) disposait à Karbala. Mais même soixante-douze n’est pas un grand nombre. Il est difficile de trouver de vrais fidèles adeptes dans la vie.
Donc, si Imam al-Hassan (as) avait plus de soldats, il se serait battu; son propre cousin, Ubaydullah b. Abbas avait 8 000 soldats sous ses ordres. Lorsqu’Imam al-Hassan (as) les envoya en première ligne, Mu’awiya leur proposa un million de dinars et ils changèrent aussitôt de camp. Mu’awiya avait un gouvernement immense qui comprenait la Syrie, le Liban, la Jordanie et la Palestine. A certains soldats, il promettait de les marier à ses filles ou à ses nièces, ce qui leur octroierait aussitôt un pouvoir. A d’autres, il promettait des terres, des biens, de l’argent. A d’autres encore, il offrait des postes de pouvoir et des positions importantes. Très vite, Imam al-Hassan (as) se retrouva avec huit milles soldats seulement, ce qui était dérisoire face à l’immense armée syrienne.
Imam al-Hassan (as) disait quand même à ses soldats: « Battons-nous! Si vous êtes prêts à vous battre, je me lance. » Mais alors Mu’awiya concocta un autre plan: il répandit une rumeur chez les gens soutenant Imam al-Hassan (as) disant qu’Imam al-Hassan (as) ne voulait pas se battre alors qu’Imam al-Hassan (as) voulait en fait se battre. Hassan (as) fit savoir à ses soldats qu’il était sûr de lui, que s’il avait accès au champ de bataille, même si l’opposition disposait de dix fois plus de soldats que lui, il pourrait en finir avec eux car il avait des soldats tels qu’Adi b. Hatim, Hujr b. Adi al-Kindi et Ammar b. Hamakal Khuza’i à ses côtés.
Mais la rumeur lancée par Mu’awiya se répandit et les Khawarij (qui avaient déserté Imam Ali) étaient présents à l’époque. Les Khawarij étaient furieux et dirent à Imam al-Hassan (as): « Nous avons entendu dire que vous vouliez faire la paix. » Ils vinrent et ils plantèrent un couteau à la cuisse à Imam al-Hassan (as). Imam al-Hassan (as) réalisa alors que « si j’ai des soldats qui veulent me planter un couteau de dos alors que Mu’awiya veut me le planter de face, à qui devrai-je faire confiance? » Aussi, lorsque les fidèles soldats d’Imam al-Hassan (as) lui disaient: « Battons-nous, même si nous ne sommes plus beaucoup », Imam al-Hassan (as) estimait les circonstances et dit: « Non! Je jure que si nous nous battons, il ne restera plus un seul adepte d’Ali sur terre. »
Il fit donc ce que fit son grand-père à Hudaybiyya. La plupart du temps, les Imams fondaient leurs décisions sur ce que leur grand-père fit de son temps. Lorsque ses soldats lui demandèrent: « Qu’allez-vous donc faire? », il répondit: « Je vais faire ce que mon grand-père fit à Hudaybiyya; nous signerons un traité mais à travers ce traité, nous dénoncerons le parti adverse. »
Si Mu’awiya et Imam al-Hassan (as) s’étaient battus, et si Mu’awiyya avait tué Imam al-Hassan (as), on aurait dit alors ce qu’on dit déjà aujourd’hui: « Sayyedna Mu’awiya et Sayyedna Hassan; ce n’était qu’une querelle entre eux. » Imam al-Hassan (as) fit quelque chose d’autre plutôt.
Lorsque le Prophète (saw) avait signé le traité, certains de ses compagnons le contestèrent et dirent: « Pourquoi? Tuons-les. » Le Prophète répondit: « Si nous nous battons, les gens ne sauront toujours pas qui avait raison et qui avait tort; au lieu de ça, nous ferons un traité de paix stipulant nos conditions. Si le parti adverse enfreint les clauses du traité, alors les gens sauront qui avait raison et qui avait tort. »
De même, lorsqu’on demanda à Imam al-Hassan (as): « Sur quoi vous basez-vous pour signer un traité de paix avec Mu’awiya? », il répondit: « Mon grand-père en fit de même à Hudaybiyya. » Imam al-Hassan (as) signa donc le traité car les clauses auraient révélé l’attitude de Mu’awiya. Mu’awiya et Yazid étaient deux personnes différentes. Yazid profanait la religion en public comme en privé alors que Mu’awiya était incroyablement religieux en public. Imam Hussein (as) a du se battre contre Yazid à cause de sa flagrante corruption morale alors qu’Imam al-Hassan (as) devait être intelligent avec Mu’awiya. Il imposa les clauses suivantes dans le traité avec Mu’awiya avant de le signer.
- Vous cesserez de maudire mon père aux prières du vendredi.
- Vous ne modifierez pas la sunnah de mon grand-père.
- Vous cesserez de tuer les Shi’a de mon père.
- Le prix du sang versé à Jamal et Siffin doit être rendu à leurs propriétaires.
- A votre décès, vous léguerez le pouvoir à moi ou à mon frère, Hussein.
Mu’awiya ne respecta aucune de ces clauses:
- Durant soixante années, chaque prière du vendredi débutait par une malédiction jetée sur Imam Ali b. Abi Talib (as).
- Salat ul-Juma’a était accompli un mercredi. Selon la juridiction islamique, celui qui conduit la prière doit rester debout pendant la khutba le vendredi, mais Mu’awiya s’asseyait pendant la khutba. Ce ne sont que quelques exemples des nombreux changements qu’il a apportés à la sunnah du Prophète (saw).
- Mu’awiyya tua Hujr b. Adi al-Kindi, Ammar bil Hamak al-Khuaza’i, Rushayd al-Hajari et bien d’autres Shi’as.
- Il ne restitua aucun prix de sang.
- Il nomma son fils Yazid comme successeur.
Que parvint donc Imam al-Hassan (as) à faire en signant le traité? Il parvint à faire deux choses: La première fut qu’il dévoila la personnalité de Mu’awiya à tout le monde. Les gens pouvaient à présent voir sa vraie nature. Bien que sachant sa réelle personnalité, est-ce qu’un Musulman peut bénir ou prier pour quelqu’un qui maudit le quatrième calife? Peut-on se reférer à Mu’awiya comme à Ali en disant: « Radi Allah ‘anhu (Qu’Allah soit satisfait de lui)? » De même, en signant le traité, Imam al-Hassan (as) s’assura que les partisans des Aal Muhammad seront sains et saufs car, si Imam al-Hassan (as) n’avait pas utilisé la sagesse de son grand-père en signant le traité, il ne resterait plus un seul partisan des Aal Muhammad aujourd’hui. Mu’awiya les aurait tous anéantis. Mais Imam al-Hassan (as) a vu que le meilleur choix est de signer le traité avec Mu’awiya, ce qui conduisit finalement au dix Muharram.
Réponses à des accusations portées contre Imam al-Hassan (as)
A ceux qui disent qu’Imam al-Hassan (as) n’était pas courageux, nous répondons que si Imam al-Hassan (as) avait eu le choix et s’il avait eu les compagnons que son frère avait, il en aurait fini avec Mu’awiya sur le champ.
Des gens ont créé un mythe à propos de la vie personnelle d’Imam al-Hassan (as). Ils disent que tout ce qu’Imam al-Hassan (as) a fait, c’était de se marier et de divorcer. Le premier à avoir fondé ce mythe est Abul Hassan al-Mada’ini. Il a dit: « Imam al-Hassan a épousé et divorcé de soixante-dix femmes toute sa vie. » Si vous étudiez la vie d’Abul Hassan, vous verrez que nul n’aimait les Bani Ummayah comme Abul Hassan alMada’ini. Il n’est donc pas surprenant de lire une telle affirmation de sa part. Une autre personne du nom de Shablanji, dans son livre, Nusr ul-Absar, écrit: « Imam al-Hassan a épousé quatre vingt-dix femmes et a divorcé d’elles toutes. »
Abu Talib al-Makki a émis sans doute la pire affirmation à son propos. Il a écrit dans son livre intitulé Quwwat ul-Qulub qu’on trouve encore de nos jours (un livre du quatrième siècle) : « Imam al-Hassan a épousé trois cents femmes et a divorcé d’elles toutes. »
On devrait se demander si cela est possible ne serait-ce que mathématiquement parlant. Peut-on se marier et divorcer trois cents fois en quatorze ans en comptant la période d' »iddah » et de « révocabilité »? Ils disent qu’il a épousé trois cents femmes entre le califat de son père et son décès. Imam Ali b. Abi Talib (as) est devenu le calife en l’an 36 AH et Imam al-Hassan (as) mourut en l’an 50 AH. Ce qui fait une période de quatorze années. Imam al-Hassan (as) était déjà marié à trois femmes: Khawla al-Fazariyya, Umm Ishaq b. Talha et Ja’da qui finit par le tuer. Durant ces quatorze années, il est supposé avoir épousé trois cents femmes. Si on suppose qu’il en a épousé une quatrième et qu’il n’a cessé de divorcer et de divorcer et si on garde à l’esprit la période d’iddah et de révocabilité permettant à la femme de revenir à l’homme, avec tous les calculs qu’il faut, cela nous amènerait à cinquante-six femmes. D’où vient donc ce nombre de trois cents?
De même, si on étudie la vie d’Abu Talib al-Makki, les spécialistes des hadiths disent qu’aux derniers jours de sa vie, il était atteint d’une telle démence qu’il regardait le ciel et disait: « Vous les gens! Faites attention à Lui ca Il est la cause de tous les problèmes de ma vie. » Quiconque prendrait-il sérieusement les propos d’un tel homme? Et pourtant, il a émis de telles affirmations à propos d’Imam al-Hassan (as) et les gens l’ont cru.
La rumeur concernant les multiples mariages d’Imam al-Hassan (as) a été lancée par son cousin, al-Mansur al-Dawaniqi, le calife abbasside. Durant son califat, tous les sayyeds de la descendance d’Imam al-Hassan (as) menaient une campagne active contre les Banu Abbass. Par exemple, Muhammad Nafs al-Zakiyya, Hassan al-Muthanna, Abdullah b. Yahya b. Hassan et Hussein b. Ali al-Khayr étaient tous les petits-fils et arrières petits-fils d’Imam al-Hassan (as) et ils combattaient tous les Banu Abbass. Le calife décida donc de les attaquer en salissant la personnalité de leur arrière grand-père. Il démarra une campagne contre la personnalité d’Imam al-Hassan (as). L’effet de cette propagande est visible jusqu’à nos jours. Récemment, une chaîne de télévision diffusa une interview d’un savant religieux à qui on demanda: « Quelle est l’importance d’Imam al-Hassan? – Il est bien, répondit-il, mais il n’est pas comparable à Mu’awiya. – Pourquoi? – Parce que Mu’awiya n’était pas aussi fou pour divorcer autant qu’Imam al-Hassan. »
Il y a un hadith du Prophète (saw) qui en dit long sur Imam al-Hassan (as) et qui est suffisant pour mettre fin à tous ces mythes. Le Prophète (saw) a dit: « Mes fils Hassan et Hussein sont des Imams, qu’ils soient assis ou debout. Quiconque les combat me combat et quiconque me combat combat Allah (swt). Quiconque les contrarie me contrarie et quiconque me contrarie contrarie Allah (swt). » « Debout » fait référence à Imam Hussein (as) à Karbala et « assis » fait référence à Imam al-Hassan (as). Ici, « Imams » désigne l’Imam de l’âme et guide pour l’être humain.
La personnalité d’Imam al-Hassan (as)
Marlgré les accusations et les critiques dont Imam al-Hassan (as) a fait l’objet, il maintint les manières les plus élevées. On l’appelait un homme de principe, aussi noble que le Prophète (saw). On demandait au Prophète (saw): « Qu’a hérité Hassan de vous? – Mes manières et ma nobililité, répondait-il. » Un jour, alors qu’Imam al-Hassan (as) marchait, un homme l’approcha et lui dit: « Que Dieu vous maudisse et que Dieu maudisse votre père, Ali b. Abi Talib! – Oh Monsieur! Vous m’avez l’air d’être étranger à Médine. Si vous n’avez pas de maison, venez vivre chez moi. Si vous n’avez pas à manger, laissez-moi vous en donner. Si vous n’avez pas de vêtements, laissez-moi vous en donner. Vous êtes bienvenu chez moi. On vous a peut-être mal informé à mon propos et à propos de mon père. » L’homme le fixa des yeux et dit: « Non, non! Je n’ai jamais vu quelqu’un avec des manières telles que les vôtres. J’ai insulté votre père et vous me parlez poliment? Certes, Allah sait à qui confier Son message. »
Imam al-Hassan (as) était aussi connu pour sa générosité. Un jour, un homme raconte: « Je suis arrivé à Médine et j’avais faim. J’ai vu cet homme marcher et je lui ai dit: ‘Excusez-moi! Cela vous dérange t-il que je vienne manger chez vous? Je n’ai rien à manger. – Vous êtes le bienvenu mais j’ai un fils qui habite plus bas. Pourquoi n’allez-vous pas chez lui? dit l’homme. – Et bien, maintenant que je vous ai vu, je préfère manger chez vous.’ Je suis entré chez lui pour manger avec lui mais cet homme ne mangeait que du pain sec. J’ai essayé de rompre son pain mais je n’y suis pas arrivé. Je lui ai dit: ‘Excusez-moi! Où se trouve la maison de votre fils encore? – C’est celle qui se trouve là-bas. » Je suis allé chez son fils et j’ai pris un très bon repas chez lui.' » Il était chez Imam al-Hassan (as). Imam al-Hassan (as) demanda à l’homme: « Qui vous a envoyé ici? – Je ne sais pas. Un homme qui habite de l’autre côté de la rue, dit-il. – A quoi ressemblait sa maison? » L’homme décrivit la maison à l’Imam. « A quoi ressemblait-il? » L’homme fit une description à l’Imam. Puis, l’Imam lui demanda: « Que mangeait-il? – Il mangeait du pain sec, répondit l’homme. – Pourquoi vous a t-il envoyé chez moi alors? – Il m’a dit: ‘vous ne trouverez personne d’aussi généreux que mon fils!' » Imam al-Hassan (as) dit: « Quel père j’ai! »
Imam Ali b. Abi Talib (as) disait: « Personne n’incarne la connaissance autant que mon fils Hassan; si vous voulez mon savoir, posez-lui n’importe quelle question. »
Un jour, un groupe de Romains vinrent voir Mu’awiya et lui dirent: « Vous dites être le calife de Dieu? – Oui, dit-il. Je suis Amir al-Mu’minin. – Nous avons des questions à vous poser.
– Quelles sont-elles? – Quelle est la distance entre le ciel et la terre? Quelle est la distance entre le vrai et le faux? Qu’est-ce que le genre neutre? Quelles créatures naquirent sans père ni mère? Quelles sont les dix choses telles que l’une est plus forte que l’autre? – Je n’ai aucune idée de ce que vous dites. Demandez à Hassan. » Les Romains se rendirent chez Hassan et lui dirent: « Nous avons des questions à vous poser. – Allez-y, dit l’Imam. – Quelle est la distance entre le ciel et la terre? – Les pleurs d’une personne opprimée faisant dua. – Quelle est la distance entre le vrai et le faux? – Les quatre doigts entre les yeux et les oreilles. Ce que vous entendez de vos oreilles doit être vérifié par vos yeux. – Qu’est-ce que le genre neutre? – Si vous ne pouvez pas déterminer le genre d’un enfant, attendez une sécrétion séminale; s’il n’y a pas de sécrétion, attendez qu’il urine et selon la manière dont il urine, vous saurez s’il s’agit d’un garçon ou d’une fille et si on ne le sait toujours pas, ce sera donc un genre neutre. – Quelle créature naquit sans père ni mère? – Animaux et humains: Adam, Eve, le mouton dans l’histoire d’Ibrahim, le serpent dans l’histoire de Moussa, le corbeau qui a montré à Qabil comment enterrer le défunt et le chameau du Prophète Saleh (as). – Quelles sont les dix choses telle que l’une est plus forte que l’autre? – La pierre est dure, le fer rompt la pierre, le feu fond le fer, l’eau éteint le feu, les nuages transportent l’eau, le vent souffle sur les nuages, l’ange contrôle le vent, l’ange de la mort a le pouvoir sur l’ange qui contrôle le vent, la mort a le pouvoir sur l’ange de la mort et Allah a le pouvoir sur la mort car il est l’Eternel qui ne meurt pas. »
Tous ces Romains ont rejoint l’Islam. En termes de générosité, de savoir et de morale, nul n’égalait al-Hassan b. Ali. Il a laissé une descendance telle qu’il avait plus de fils qui se sont sacrifiés à Karbala qu’Imam Hussein (as). Un de ses fils était Abdullah. Sayyeda Zaynab raconte: « Je vis Hussein allongé par terre le corps rempli de flèches et Umar b. Sa’d dit à Harmala: ‘Tire une épée sur sa poitrine!’ Alors qu’il était sur le point de tirer, je vis le jeune fils de Hassan courir et crier: ‘Comment osez-vous tirer sur mon oncle? Tirez sur moi avant!’ Il s’assit près de son oncle et le couvrit de la main en disant: ‘Mon oncle! Je ne les laisserai jamais vous tuer alors que je suis en vie!' » L’autre fils était Qasim.
Il y a des récits absurdes à propos de la manière dont est décédé Imam al-Hassan (as). Un historien, Donaldson, a écrit qu’Imam al-Hassan (as) est décédé de la tuberculose; un autre dit qu’il est décédé suite à un bâton reçu au pied; un autre dit qu’il a été poignardé. En fait, Mu’awiya dit à Ja’fa, la femme d’Imam al-Hassan (as): « Si tu empoisonnes Hassan, je te marierai à Yazid. » Elle empoisonna donc Imam al-Hassan (as) et dit à Mu’awiya: « Mariez-moi à Yazid à présent », ce, à quoi il répondit: « Tu viens d’empoisonner le petit-fils de celui qui a apporté cette religion. Penses-tu que je vais te laisser épouser mon fils? »
Discours et sermons du
Dr. Sayed Ammar NAKSHAWANI
Ô mon Dieu, prie sur Muhammad et la famille de Muhammad